Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/93

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cette agglomération d’États artificiellement soudés l’un à l’autre. La Bohême et la Hongrie forment une opposition formidable et énoncent hautement le vœu d’une émancipation complète avec le système abrutissant de la chancellerie de Vienne.

En Prusse, il en est de même.

Le roi actuel avait fait concevoir, lors de son avènement au trône, beaucoup d’espérances. Comme tant d’autres brillants parleurs officiels il avait promis au peuple monts et merveilles, mais la montagne en travail accoucha d’une souris !…

Peu à peu aussi la popularité du roi se perdit ; les choses même en sont venues aujourd’hui à ce point, qu’il y a peu de princes aussi compromis, vis-à-vis de l’opinion publique, que Frédéric-Guillaume IV. Malheureusement pour ce roi, mais heureusement pour les peuples le culte monarchique perd chaque jour sa puissance en Allemagne, et M. de Chateaubriand avait raison en disant : Les rois s’en vont. Toute l’Allemagne attendait avec impatience que la Diète réunie à Berlin[1] fit acte d’énergie et posât ses principes vis-à-vis de la cour et de sa

  1. C’est la célèbre Diète réunie, que le roi composa en 1847, par la juxtaposition en une assemblée unique de toutes les assemblées d’États provinciaux existantes en Prusse. Frédéric-Guillaume IV y prononça la harangue fameuse sur la « relation d’immédiateté qui unit le peuple et le roi, entre lesquels il n’est pas admissible que se glisse une feuille de papier noirci, une Constitution ». Marx se gaussa fort de cette relation d’immédiateté, dans un article de la Gazette allemande de Bruxelles, dont la conclusion est ci-après reproduite.