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conflit d’idées se reproduit exactement entre les théoriciens Jacob Venedey et Théodore Schuster, qui alors inspiraient ces groupes et présidaient à ce comité exécutif dont les décisions exigeaient l’obéissance passive. On peut s’en faire une idée, d’après, ce qui nous est accessible de leur journal Der Geæchtete (Le Banni), édité en 1834[1].

Jacob Venedey, né à Cologne ; privat-docent à Heidelberg, avait été élevé dans la tradition du républicanisme jacobin, qui prit racine dans les pays du Rhin en 1791[2]. Arrêté à la suite des fêtes républicaines de Hambach, il parvint à s’échapper, au moment même où les autorités badoises allaient le livrer aux autorités prussiennes, et se réfugia à Paris. Bœrne fut son maître, et, avec lui, Lamennais. Mais Gutzkow, dans un banquet fouriériste, plus tard, l’entendit toaster en l’honneur de Fourier[3]. Le flottement de ses opinions sociales s’explique, si l’on songe qu’il fut avant tout un jacobin, affilié à la Société des Droits de l’Homme, et qui reproduisait les formules de ses chefs avec cette obéis-

  1. Il n’existe peut-être plus d’exemplaire complet de cette revue. Le raisonnement qui va suivre s’appuie sur les extraits qui s’en trouvent dans Emil Kaler. Wilhelm Weitling, seine Agitation und Lehre. 1887, p. 29 sq ; — Helrich Schmidt. Ein Beitrag zur Geschichte des Bundes der Geæchteten. (Neue Zeit. xvie année, t. i, p. 150 sq) ; — Franz Mehring, Geschichte der deutschen Sozialdemokratie, t. i, p. 71 sq.
  2. Il a publié et complété les souvenirs de son père Michel Venedey dans Die deutschen Republikaner unter der französischen Republik, 1870.
  3. Gutzkow. Paris und Frankreich, 1834-74, p. 169.