Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/16

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Il admettait trois moyens de réforme sociale : 1) l’assistance aux nécessiteux ; 2) la garantie à tous du nécessaire ; 3) la taxation du superflu. Il imaginait que la liberté politique conduirait d’elle-même à cette sorte d’égalité sociale qui assurerait une subsistance suffisante à tous les citoyens capables et désireux de travailler. S’il en est ainsi, Venedey a dépassé les formules mêmes de la Société des Droits de l’Homme pour aller jusqu’à celles de Barbes et de la Société des Saisons.

Le sentiment prolétarien s’emparait donc de ceux-là mêmes qui étaient entrés dans la société avec une doctrine surtout nationaliste et républicaine. Lentement ces cordonniers humbles et ces tailleurs obscurs, « ces maîtres du ligneul et de l’aiguille », dont se riait la Gazette politique de Munich, se souvenaient « qu’il y avait encore d’autres droits de l’homme que celui de travailler, de servir, de souffrir de la misère, de la faim et de se taire » ; et leur journal se haussait à des menaces qui attestent la conscience de classe parfaitement développée.

C’est surtout Théodore Schuster qui, dans le Geæchtete, sut faire valoir les revendications prolétariennes. Son influence rapidement fut prépondérante, quand Venedey, sur une démarche de l’ambassade prussienne, dut quitter Paris et s’installer au Havre. Un Alsacien qu’on ne pouvait expulser, Gustave Ehrhardt, fut chargé nominalement de la direction du journal[1].

  1. Cela est attesté par une lettre de Venedey, en date du 21 avril 1835, et déposée aux archives de Zurich. Sur