Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/192

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irrévérence envers Cabet, dont il aurait dû respecter la sincérité prolétarienne ? pour son respect de la science officielle[1] ? Marx entend-il lui reprocher cette transformation singulière par où sa déduction du capitalisme était devenue une apologie des capitalistes, comme « sa construction historique du coup d’État se transforma en apologie de Bonaparte[2] » ? Il est sûr qu’il y a chez Proudhon d’irritantes formules. Ne déclare-t-il pas que « par le seul fait de sa génération logique, le monopole est justifié ». Mais il ne faut pas oublier que toutes ces nécessités, dont il dit la série cruelle et qu’il justifie avec une ironie satanique, aboutissaient pour lui à une nécessité ultime, « au fait triomphateur qui doit établir le règne du travail à jamais ». Déjà il est douteux que l’on puisse traiter d’« épicier » l’homme qui a projeté, par des moyens contestables, mais le premier, une socialisation intégrale de l’échange. Mais il y a injustice sûrement à faire de lui un défenseur du capitalisme triomphant.

68. Aussi bien y a-t-il une autre sorte de théoriciens bourgeois, à l’objectivité robuste desquels le marxisme doit beaucoup. Avant tout il est redevable aux théoriciens du libre échange et de la protection, et à ces derniers plus qu’aux premiers. Quiconque a lu le premier article de Marx sur la Philosophie hégélienne du droit (1843) en conviendra aisément. « Le

  1. Marx. Articles de 1865 sur Proudhon (appendice à l’Anti-Proudhon, p. 254)
  2. Marx. Préface au XVIIIte Brumaire, p. v.