répartition des biens et des tâches ? Une seule : l’argent. Il est le fléau sanglant. Il est la cause de toutes les oppressions. Les gouvernants, les prêtres, les juges, les voleurs tendent leurs mains avides avec des menaces. Et ce qui est plus dangereux que cette oppression, c’est l’esclavage volontaire de ceux que l’argent corrompt. On vend des biens ; on vend des femmes ; on vend des âmes. On vend sa liberté politique. Au jour des scrutins, quand on dépouille les urnes, il se trouve étrangement que les riches ont raison et que les pauvres ont tort.
À cette société fictive, corrompue et cruelle, il convient de substituer un régime où s’unira la loi de nature à la loi de charité. Ces deux lois conduiront à penser qu’il faut répartir également, entre tous, le travail et la jouissance. Il faut donc donner à tous les citoyens une éducation égale et départir aux deux sexes des droits et des devoirs identiques sous réserve des différences naturelles. Il faut supprimer l’héritage et la propriété individuelle. Les autorités, que l’élection désignera, seront responsables et révocables. Il n’y aura pas de différence dans la répartition des biens entre les hommes investis d’une autorité et les autres hommes, ni entre les travaux qualifiés et les travaux simples. La valeur de tous les produits sera calculée sur le temps de travail (p. 37). Chacun, dans les limites du respect dû au droit d’autrui, aura toute liberté d’agir et de parler. Il aura garantie sociale de pouvoir exercer et développer ses facultés intellectuelles et physiques (p. 23-24).