Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/34

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fortes qui décident des actes. Le prolétariat fournira ces apôtres qui seront souvent des martyrs. Car les gouvernants et la bourgeoisie réserveront des châtiments sévères à ceux qui menaceront, par une prédication de révolte, leur puissance privilégiée. Cependant le prolétariat aura cette patience de déléguer des martyrs pour la conquête des esprits. Il sait que la vérité ne se fraie un chemin qu’à travers le sang.

Mais si le martyre prolétarien ne suffit pas à faire la conquête des dirigeants, il sera légitime alors de lâcher le brûlot des révolutions. On inventera les tactiques d’épouvante contre lesquelles s’useront la police, l’armée et qui donneront l’assaut à la propriété[1].

Si éloigné que soit le marxisme de cette doctrine à la fois sentimentale et utopique, il en respecte cependant l’inspiration babouviste, discernable à travers les enjolivements que Weitling emprunte à Fourier et à Cabet. L’abolition de la propriété foncière et de l’héritage, le plan social de défrichement et d’amélioration des terres, la mise sur pied d’armées industrielles,

  1. Weitling n’a formulé que plus tard, en Suisse, dans des lettres à Ewerbeck et à Auguste Becker datées de l’année 1843, son plan d’attaque. Il consistait à délivrer par une série de coups de main sur les prisons et les bagnes les 20,000 ou 40,000 forçats et condamnés de droit commun dont dispose chaque pays ; à s’allier avec eux. Ces malandrins qui, par instinct atavique, ont la haine du régime existant, seraient excellents à mettre aux trousses de ceux qui défendent ce régime et le représentent. Ewerbeck et Auguste Becker contredirent fortement à ce projet. (V. Kaler, Weitling. p. 42, 48.)