rant au milieu des bois ; il leur rendra le bien pour le mal, et, afin de les rejoindre, il ne craindra pas d’entreprendre un long voyage.
Traversant le pays de Magadha, Sâkya s’arrête quelques heures sur le mont Gaya, pour voir son excellent ami le roi des serpents ; il doit bien une visite à celui qui l’a si chaudement enveloppé durant la mauvaise saison. Revenu dans la plaine, il accepte quelques invitations à Rôhitavastou, à Ourouvilva Kalpa, à Sarathi, et, enfin, il arrive sur les bords de la Gangâ (le Gange). Le fleuve, grossi par les pluies, coulait à pleins bords, plus rapide que jamais. Sur la rive opposée, se découpaient les clochers de la ville de Bénarès, où le Bouddha devait retrouver ses disciples. Déjà un batelier officieux s’avance, tenant ses rames d’une main et tendant l’autre ; mais l’argent ne pèse guère dans la bourse d’un religieux ; Siddhârtha ne possède pas même un Kârchâpana[1], pour acquitter son passage. La figure aimable du batelier s’est rembrunie, et il regarde avec dédain une si mauvaise pratique. Tout à coup il voit le religieux
- ↑ Menue monnaie qui équivaut à peu près à cinq centimes.