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il suffit d’examiner si, dans toute la somme des jouissances, on peut regarder le goût comme un avantage.

Procure-t-il plus ou moins de peine ou de plaisir ? voilà la question : la réponse décidera de la justesse de l’avis du Docteur Grégory, et montrera combien il est absurde et tyrannique de tracer un plan d’esclavage, ou d’essayer d’élever des êtres moraux d’après d’autres règles que celles qui nous sont fournies par la pure raison, et qui s’appliquent également à toute l’espèce humaine.

Des mœurs douces, la patience et la mansuetude, sont des qualités si précieuses que les poëtes, dans leurs élans sublimes, ont cru devoir en revêtir la divinité ; et peut-être aucune image de sa bonté ne se grave-t-elle aussi profondément dans le cœur humain, que celle qui le représente abondant en miséricorde et disposé à pardonner. La douceur aimable, considérée sous ce point de vue, porte tous les caractères de la grandeur combinée avec les charmes irrésistibles de la condescendance ; mais quel aspect différent ne prend-elle pas, lorsqu’elle n’est que l’abaissement