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la raison leur assigne, sans chercher les moyens de tenir la balance égale, encore moins de la faire pencher.

On peut regarder ces propositions comme des rêves de l’Utopie, je n’en rends pas moins des actions de grâce à l’être qui me les a inspirées, et qui m’a donné le courage d’oser faire usage de ma propre raison, jusqu’à ce que, ayant secoué mes entraves, je me suis indignée à l’aspect des fausses notions qui asservissent mon sexe.

J’aime l’homme comme mon compagnon ; mais son sceptre légitime ou usurpé ne s’étend pas sur moi, à moins que le mérite individuel ne force mon hommage, et dans ce cas là même, je me rends à la raison et non à l’individu. Dans le fait, l’être qui répond de sa conduite doit la diriger sur sa propre raison ; s’il en est autrement, qu’on me dise sur quoi repose le tribunal du juge souverain ?

Il me semble nécessaire d’insister sur ces vérités triviales, car on en a, pour ainsi dire, isolé les Femmes, et en les dépouillant des vertus qui parent l’humanité, on les a décorées de quelques grâces artificielles qui les rendent propres à exercer,