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nation, au dérangement de leur ame, jusqu’à ce que leur constitution en fut ébranlée ; fatigués plutôt que rassasiés de ces sortes de méditations, il est bien évident qu’il falloit qu’ils eussent reçu de la nature, une complexion de fer. Sakespear ne saisit jamais le poignard tragique d’une main débile : Milton ne trembla point, lorsqu’il conduisit Satan au-delà des bornes de son obscure prison. Ces rêves ne sentent point la foiblesse ; ils ne sont pas le produit d’un cerveau dérangé, mais les excursions d’une imagination ardente, qui s’égareroit dans son enthousiasme, si elle n’étoit continuellement rappelée à ses entraves matérielles.

Je dois éviter que cette digression ne m’écarte de mon sujet ; mais je cherche la vérité, et toujours attachée à ma première thèse, j’accorde que la force physique semble donner à l’homme une supériorité naturelle sur la Femme, et c’est en effet la seule base solide sur laquelle on puisse établir cette supériorité ; mais je soutiendrai toujours que non-seulement les vertus, mais la science des deux sexes sont les mêmes dans leur nature, et ne diffèrent que par le degré d’intensité ; que les