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naturellement inspirer. Leur ton, leurs manières, leur conduite, tout porte l’empreint du sentiment flatteur de leur supériorité, auquel les gens d’une classe inférieure ne peuvent presque jamais atteindre : c’est sur cette présomption qu’ils fondent leur prééminence, et l’empire qu’ils se proposent d’exercer sur les inclinations des autres. Rarement sont-ils trompés dans ce calcul : ces moyens appuyés du rang, suffisent, dans les circonstances ordinaires, pour gouverner le monde. Louis XIV, pendant la majeure partie de son règne, fut regardé, non-seulement en France, mais même dans toute l’Europe, comme le plus parfait modèle d’un grand prince ; par quels talens, néanmoins, et par quelles vertus avoit-il obtenu cette grande réputation ? Étoit-ce par la justice rigoureuse de ses entreprises, par l’immensité des dangers et des difficultés dont elles étoient accompagnées, ou par son application infatigable à les surmonter ? Étoit-ce par l’étendue de ses connoissance, par son jugement exquis, par sa valeur héroïque ? Non, rien de tout cela ; mais il fut le prince le plus puissant de l’Europe, et