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heur, quand ils revendiquent leur liberté. Il n’est pas déraisonnable et injuste de subjuguer les Femmes, lors même que vous seriez persuadés que vous travaillez pour le mieux au leur ? De quel droit les hommes s’arrogent-ils les fonctions exclusives de juges, si les Femmes partagent avec eux le bienfait de la raison.

C’est dans ce stile que raisonnent les tyrans de toute espèce, depuis le foible monarque, jusqu’au foible père de famille ; ils n’ont rien de plus à cœur que d’imposer silence à la raison, et cependant ils vous assurent toujours qu’il n’usurpent son trône que pour votre avantage : ne vous conduisez-vous pas précisément comme eux, quand vous forcez toutes les Femmes, en leur refusant leurs droits civils et politiques, à rester emprisonnées dans leur famille, se traînant au hazard dans les ténèbres ?