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lies et douces qu’elles fussent d’ailleurs ?

Ces craintes, quand elles ne sont pas affectées, peuvent effectivement être assez touchantes ; mais elles dénotent un dégré d’imbécillité qui dégrade une créature raisonnable à un point que les Femmes ne soupçonnent peut-être pas ; — car l’amour et l’estime sont des choses très-différentes.

Je suis bien persuadée que ces airs enfantins disparoîtroient, si l’on permettoit aux jeunes personnes de prendre un exercice suffisant pour fortifier leurs nerfs, et qu’on cessât de les tenir renfermées dans des appartemens trop clos où leurs muscles se détendent et leur esthomac se gâte. Il y a plus, c’est que si, au lieu de nourrir et peut-être même de créer cette timidité dans les jeunes filles, on la traitoit comme la poltronnerie dans les garçons, nous ne tarderions probablement pas à voir les Femmes plus respectables ; il est vrai qu’on ne pourroit plus les appeler avec justesse les douces fleurs qui naissent sous les pas de l’homme, dans le chemin de la vie ; mais elles y gagneroient ainsi que la société, dont elles deviendroient des membres plus utiles, en