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elle est encore aimable, et au lieu de porter sa tendresse sur ses enfans, elle ne songera qu’à jouir du midi de la vie. D’ailleurs, il est des maris si dépourvus de sens et d’affection paternelle, qu’ils ne permettent point à leurs Femmes d’allaiter leurs enfans dans le premier tems de leur passion. Elles ne doivent avoir d’autre occupation que celle de se parer pour leur plaire, et l’amour même, l’amour innocent dégénère bientôt en brutalité, quand on se permet de lui sacrifier l’exercice de ses devoirs.

L’attachement personnel est une heureuse base pour l’amitié ; cependant lors-même qu’un jeune et vertueux couple s’unit pas les liens du mariage, il seroit peut-être à désirer que quelque circonstance ralentit leur passion ; si le souvenir d’une première inclination, ou d’un attachement malheureux, produit cet effet, le mariage sera plutôt fondé sur l’estime ; les époux porteront leurs regards dans l’avenir, ils essayeront d’imprimer le respect sur toute leur vie, en règlant leur attachement de manière qu’il ne s’éteigne qu’avec eux.

L’amitié est la plus sérieuse et la plus sublime de toutes les affections, parce