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En effet, dans l’hypothèse que la Femme n’auroit été formée que pour plaire et se soumettre à l’homme, la conclusion est juste ; elle doit immoler toute autre considération à la nécessité de se rendre agréable à ce maître. Il faut alors que ce désir grossier de sa propre conservation soit le grand mobile de toutes ses actions, puisqu’il est prouvé que le rapport où elle se trouve est le lit de fer de Busiris, auquel il faut que son caractère s’adapte, soit en s’étendant, soit en se resserrant, sans égard pour aucune des différences physiques ou morales. Mais si l’on peut démontrer, comme je le crois, que les fins, même de cette vie, considérées dans l’ensemble, sont entièrement subverties par les règles pratiques établies sur une base ignoble, on me permettra de douter que la Femme ait été créée pour l’homme. Dût-on crier contre moi à l’impiété et même à l’athéisme, je déclarerai, dans la simplicité de mon cœur, que, quand un ange descendroit du ciel pour m’assurer que la belle, mais poëtique cosmogonie de Moyse, et son histoire de la chûte de l’homme,