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recommandoit le soin de leur personne, et de régler leur contenance et leur maintien extérieur. Quant aux ames, elles étoient corrompues de très-bonne heure par les avis et mondains et pieux qu’on leur donnoit pour les tenir en garde contre l’indécence. Je parle des tems passés. Les confessions même que de petites filles encore purement enfans étoient obligées de faire, et les questions, au moins indiscrettes, que leur adressoit l’homme de Dieu, suffisoient, comme j’en suis sûre, d’après de bonnes autorités, pour leur imprimer un caractère sexuel ; en un mot, l’éducation de la société n’étoit qu’une école de coquetterie et d’artifice. À l’âge de dix ou onze ans, quelquefois même beaucoup plutôt, les petites filles commençoient à se montrer coquettes, et à babiller, sans qu’on les en blamât, de mariage, d’établissement dans le monde.

Enfin, on en faisoit des Femmes presque dès le berceau, et elles écoutoient des complimens au lieu de leçons. Ces moyens corrupteurs affoiblissant l’ame, on supposoit que la nature avoit agi en marâtre, quand elle avoit réalisé cette arrière pensée de la création.