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pagne de l’homme, elle seroit son esclave ; c’est par cette supériorité de talent qu’elle se maintient son égale, et qu’elle le gouverne en lui obéissant. La Femme a tout contre elle ; nos défauts, sa timidité, sa foiblesse ; elle n’a pour elle que son art et sa beauté. N’est-il pas juste qu’elle cultive l’un et l’autre ? » La grandeur d’ame ne sauroit jamais exister avec la finesse ou l’art ; car je ne veux point éplucher les mots, quand leur sens direct annonce le manque de sincérité et la fausseté. Je me contenterai, pour réfuter victorieusement ce principe, d’observer que si une moitié de l’espèce humaine doit être élevée d’après les règles qu’on ne puisse rigoureusement déduire de la vérité, la vertu n’est plus qu’une affaire de convention. Comment Rousseau a-t-il donc osé assurer, après avoir donné ce conseil, que l’objet des deux sexes devoit être le même, quant au grand but de l’existence, tandis qu’il savoit très-bien, qu’une ame formée pour tendre à cette fin, se dilate en raison de ces grandes vues, qui font disparoître les petites, ou que, si elle n’a pas la force de s’y élever, elle se rapetisse elle-même ?