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l’amour avant tous les autres. Mais l’amour a duré long-tems, une douce habitude en remplit le vuide, et l’attrait de la confiance succède aux transports de la passion. Les enfans forment encre ceux qui leur ont donné l’être, une liaison non moins douce, et souvent plus forte que l’amour même ; quand vous cesserez d’être la maîtresse d’Émile, vous serez la mère de ses enfans. Alors, au lieu de votre première réserve, établissez entre vous la plus grande intimité ; plus de lit-à-part, plus de refus, plus de caprice. Devenez tellement sa moitié, qu’il ne puisse plus se passer de vous, et que sitôt qu’il vous quitte, il se sente loin de lui-même. Vous qui fîtes si bien règner les charmes de la vie domestique dans la maison paternelle, faites-les règner ainsi dans la vôtre. Tout homme qui se plaît dans sa maison, aime sa Femme. Souvenez-vous que si votre époux vit heureux chez lui, vous serez une Femme heureuse. » Rousseau. Émile.

Il observe avec raison que les enfans forment un lien beaucoup plus durable entre les époux, que l’amour. Il avoue, qu’après six mois passés ensemble, la beauté