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parfaitement de son avis à cet égard. Un homme ou une Femme de quelque sensibilité, doit toujours chercher à convaincre l’objet chéri que ce sont les caresses de la personne et non du sexe, qu’on reçoit et qu’on rend avec plaisir, et que le cœur est plutôt ému que les sens. Sans cette délicatesse naturelle, l’amour devient une satisfaction personnelle qui dégrade bientôt le caractère. Je porte encore plus loin cette manière de voir. La simple affection, sans qu’il soit question d’amour, autorise plusieurs caresses personnelles, qui, prenant leur source dans un cœur innocent, animent le maintien ; mais je n’ai que du mépris pour ce commerce reçu de galanterie, de vanité ou même de quelque chose de moins honnête. Qu’un homme presse la main d’une jolie Femme, qu’il voit pour la première fois, en la conduisant dans sa voiture ; pour peu qu’elle ait de délicatesse, elle regardera cette impertinente liberté comme une insulte, au lieu d’être flattée de ce sot hommage rendu à ses charmes. En effet, ce sont là les privilèges de l’amitié ou le tribut que le cœur paye à la vertu, quand son éclat