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J’ai entendu avec indignation des Femmes raisonner comme les hommes, et s’engouer, avec tout l’entêtement de l’ignorance, de ces opinions qui les ravalent.

J’éclaircirai mon assertion par quelques exemples.

Madame Piozzi, qui répétoit souvent par routine ce qu’elle ne comprenoit pas, vient nous dire en grandes phrases à la Johnson : « Ne cherchez pas le bonheur dans la singularité ; craignez un rafinement de sagesse, comme un écart de folie. » Elle s’adresse ensuite, d’un ton dogmatique, à un nouvel époux, et pour éclaircir ce pompeux exorde elle ajoute « Je vous ai dit que la personne de votre Femme vous deviendroit insensiblement moins agréable, mais je vous en conjure, ne lui laissez pas soupçonner ce refroidissement. Une Femme pardonne plutôt un affront fait à son esprit qu’à ses charmes, c’est ce que tout le monde sait et qu’aucune de nous ne contestera. Tout nos efforts, tous nos sacrifices sont employés à conquérir et à garder le cœur de l’homme ; et quelle mortification plus cruelle que de manquer ce but. Il n’est