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elle se souviendra que Catherine Macaulay fût un exemple des profondes connoissances que peut acquérir une Femme, quoiqu’en disent les détracteurs de mon sexe, qui les supposent incompatibles avec la foiblesse de nos organes. On ne voit rien de féminin dans ses écrits ; le style en est, comme les idées, nerveux et clair.

Je ne veux pourtant par l’appeler une intelligence mâle, parce que je n’admets pas cet arrogant accaparement de raison ; mais je soutiens qu’elle fût une tête forte, et que son jugement, fruit mûr d’une profonde méditation, prouva qu’une Femme peut acquérir du jugement, dans toute l’étendue qu’on a donné à ce mot. Douée de plus de pénétration que de sagacité, de plus d’intelligence que d’imagination, elle écrit avec une énergie sobre, une logique serrée et pourtant la sympathie, la bienveillance prêtent à ses sentimens un intérêt, et à ses syllogismes une chaleur, qui force d’en péser le poid[1].

  1. De l’avis de madame Macaulay sur plusieurs branches de l’éducation, je renvoie le lecteur à son excellent ouvrage, au lieu de citer ici ses opinions pour appuyer les miennes.