Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(315)

mide de l’ignorance : On peut aisément distinguer de la mauvaise humeur grossière, ou des refus affectés de la coquetterie, la modestie de la raison qui, comme la proprété habituelle, se trouve rarement à un certain dégré dans une ame, à moins qu’elle ne soit très-active, et loin que cette vertu soit incompatible avec cette instruction, elle en est au contraire le plus beau fruit. Quelle idée avoit donc de la modestie l’auteur de la remarque suivante ! « La dame qui demandoit si une Femme pouvoit apprendre la botanique, d’après le systême moderne, sans blesser la délicatesse de son sexe, fut accusée d’une ridicule pruderie : eh bien ! si elle se fût adressée à moi, j’aurois certainement répondu qu’elle ne le peut pas ». Ainsi le beau livre des connoissances doit donc être à jamais fermé pour les Femmes d’un sceau éternel. À la lecture de pareils passages, je n’ai pas manqué d’élever mes yeux et mon cœur vers celui qui vit dans les siècles des siècles, et de lui dire : Ô mon père, as-tu interdit à ton enfant, par la constitution même de sa nature, de te chercher dans les belles formes de la vé-