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rans, et qui ont occupé leur tems et leurs pensées à jouir des plaisirs bruyans du monde, ou à former le plan de conquérir des cœurs[1]. Régler son maintien n’est pas modestie, quoiqu’en général on qualifie de Femmes modestes celles qui ob-

  1. J’ai conversé, comme si j’eusse été un homme avec un homme, et même avec des hommes, médecins de profession, sur des sujets anatomiques, et comparé les proportions du corps humain avec des artistes. Cependant j’ai trouvé tant de modestie en eux, que jamais un mot, un regard, ne m’a fait souvenir de mon sexe, ou des règles absurdes qui rendent la modestie le manteau Pharisaïque de la foiblesse. Et je suis bien persuadée, qu’en s’appliquant à une science quelconque, les Femmes ne seroient jamais insultées par les hommes sensibles, et rarement par les autres, si elles ne leur rappelloient l’idée de leur sexe, par une fausse pudeur prompte à s’effaroucher. Dans ces circonstances, elles semblent animées du même esprit que les Portugaises, qui croient, quand elles se trouvent seules avec un homme, qu’il méprise leurs charmes, s’il n’essaye de leur ravir quelque faveur. Les hommes ne sont pas toujours hommes dans la compagnie des Femmes, les Femmes ne se souviendroient pas toujours non plus qu’elles sont Femmes, si l’usage leur permettoit d’acquérir plus de bon sens et de connoissances.