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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/367

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C’est-là un des milliers d’exemples dans lesquels la distinction sexuelle, relative à la modestie, est devenue fatale à la vertu et au bonheur. Cependant, on exige de la Femme foible que son éducation assujétit à sa sensibilité physique et morale, d’y résister dans les occasions les plus difficiles. « Peut-il y avoir, dit Knox[1], rien de plus absurde, que de tenir les Femmes dans un état d’ignorance, et d’insister cependant, avec tant de force, sur leur devoir de résister à la tentation contre laquelle on ne les a pas prémunies ? » Ainsi, quand la vertu ou l’honneur commande de réprimer une passion, on rejette le fardeau sur les épaules les plus foibles, sans songer qu’on outrage la raison et la vraie modestie, qui devroit au moins rendre l’abnégation mutuelle, pour ne rien dire de la générosité du courage, vertu qu’on suppose propre à l’homme, et dont il se targue tant.

Rousseau et le docteur Grégory tombent dans la même erreur, relativement à la

  1. Dans son excellent ouvrage sur l’éducation, traduit par M. Noël ; il se trouve chez M. Garnery.