Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(343)

maines. » Les Femmes, dit quelque part un auteur, dont le nom ne me revient pas, ne songent point à ce qui n’est vu que de l’œil du ciel. » Et pourquoi voudriez-vous qu’elles s’en inquiétassent ? C’est l’œil de l’homme qu’on leur a appris à craindre, et quand elles sont parvenues à endormir leur argus, elles ne pensent guères au ciel ou à elles-mêmes, parce que leur réputation est en sûreté. C’est cette réputation et non la chasteté avec les vertus qui l’accompagnent, qu’elles prennent bien garde de laisser entâcher, non pas parce que c’est une vertu, mais de peur d’être dégradées du rang qu’elles occupent dans l’opinion publique.

Je n’ai besoin pour prouver la vérité de cette observation, que de faire remarquer les intrigues des Femmes mariées, particulièrement dans la haute classe, et dans les provinces où leurs parens leur font contracter des unions sortables, suivant leur rang dans la société. Qu’une jeune fille innocente devienne la proie de l’amour, la voilà avilie pour jamais, quoique son ame ne soit pas souillée de ces artifices que se permettent des Femmes