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à se la procurer, attire la considération qu’on ne doit qu’aux vertus et aux talens. Des hommes osent négliger les devoirs les plus sacrés de l’homme, ils n’en sont pas moins traités comme des demi-Dieux. Un voile, tissu de vaines cérémonies, sépare la religion de la morale, et l’on est encore étonné que ce monde ne soit, à peu de chose près, qu’une caverne de brigands.

On emploie chez nous ce proverbe qui rend très-bien une triste vérité ; c’est que quand le diable trouve un homme oisif, il le fait travailler pour son compte. Et que peut-on attendre d’une opulence et de tîtres héréditaires, sinon une oisiveté habituelle ? Car l’homme est fait de manière qu’il ne peut apprendre à faire un bon usage de ses facultés qu’en les exerçant, et il ne les exercera pas, à moins qu’un besoin de quelqu’espèce ne mette les rouages en jeu. On ne sauroit non plus acquérir la vertu, que par l’accomplissement de ses devoirs relatifs ; mais il est difficile que l’importance de ces devoirs sacrés soit sentie par un être cajolé par des fripons de flatteurs qui lui répètent qu’il est au-dessus de l’humanité. Qu’on ne s’y méprenne donc pas ; il faut