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et les couturières ne sont-elles pas classées immédiatement après les filles ? Le peu d’emplois à la portée des Femmes, loin d’être libres, sont purement domestiques ; et, lorsqu’une éducation supérieure les rend propres à se charger d’élever les enfans, en qualité de gouvernantes, elles ne sont pas traitées comme les précepteurs, quoique ceux-ci ne le soient pas toujours de manière à les rendre respectables aux yeux de leurs élèves, sans parler de ce qui touche à la satisfaction particulière de l’individu. Mais comme les Femmes, qui reçoivent une éducation soignée, ne sont jamais destinées à la condition humiliante que la nécessité les force quelquefois d’adopter, elles en paroissent dégradées, et il faudroit bien peu connoître le cœur humain pour ne pas voir que rien au monde n’affecte la sensibilité, comme de déchoir.

Quelques-unes de ces Femmes peuvent être éloignées du mariage, par la tournure de leur esprit, ou par délicatesse : d’autres, il peut n’avoir pas été en leur pouvoir, dans cette déplorable condition, d’échapper à la servitude. Or n’est-ce pas un gouvernement très-défectueux, très-