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qu’elles vivent à l’abri de tout soin de tous les travaux pénibles qui dignifient l’esprit. — Si tel est l’arrêt du destin, si elles doivent se rendre elles-mêmes insignifiantes et méprisables pour dissiper doucement la vie, qu’elles n’attendent pas d’être estimées, quand leur beauté sera flétrie, car c’est le destin des plus belles fleurs, d’être admirées et effeuillées ensuite par la main qui les a cueillies. De combien de manières ne voudrois-je pas, par pure bienveillance, imprimer cette vérité dans mon sexe ! mais je crains que les Femmes ne veuillent pas écouter une vérité qu’une expérience coûteuse a pourtant appris à plusieurs, et qu’elles ne consentent point à renoncer aux privilèges de rang et de sexe, pour les droits de l’humanité que ne peuvent réclamer ceux qui n’en remplissent pas les devoirs.

À mon avis, les écrivains les plus utiles sont ceux qui excitent la sensibilité de l’homme, pour l’homme, indépendamment de l’état qu’il remplit, ou de la draperie des sentimens factices. Je désirerois donc convaincre les hommes raisonnables, de l’importance de quelques-unes de mes idées,