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autre preuve de la nécessité de cultiver l’intelligence des Femmes, que, quand les affections résident uniquement dans le cœur, elles semblent tenir, en quelque sorte, du caprice de l’animalité.

C’est l’exercice irrégulier de l’autorité paternelle qui d’abord offense l’esprit, et les filles sont plus exposées à ces irrégularités que les garçons. La volonté de ceux qui ne permettent jamais qu’on les contrarie, à moins qu’il ne leur arrive d’être de bonne humeur, est presque toujours déraisonnable. Pour éluder cette autorité arbitraire, les filles apprennent de très-bonne heure des leçons qu’elles mettent ensuite en pratique avec leurs maris ; car j’ai souvent vu une petite rusée gouverner toute une famille, excepté dans les cas où quelque nuage accidentel aigrissoit la volonté de la maman, soit que ses cheveux eussent été mal arrangés[1], soit

  1. J’ai entendu moi-même une petite fille dire une fois à sa bonne : « Maman m’a joliment grondée ce matin, parce que ses cheveux n’étoient pas rangés à sa fantaisie ». Quoique cette remarque fut imperti-