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part dans ces écoles ; et qui pourroit assurer que la majorité mérite le titre d’un passable étudiant ?

Ce n’est pas pour l’avantage de la société que quelques esprits brillans sont cultivés aux dépens de la multitude. Il est vrai que de grands hommes semblent paroître, à des intervalles marqués, pour ramener l’ordre troublé par de grandes révolutions, et dissiper les nuages épais qui couvrent les traits de la vérité ; mais que la raison et la vertu prennent le dessus dans la société, et ces prodiges ne seront pas nécessaires. L’éducation publique, quelque nom qu’on lui donne, doit avoir pour but de former des citoyens ; mais si vous voulez faire de bons citoyens, il faut d’abord vous livrer aux affections de fils et frère. C’est-là le seul moyen de donner au cœur cette faculté expansive d’où naissent tant de vertus ; car les affections, aussi bien que les vertus publiques, doivent toujours prendre leur source dans le caractère privé, ou ce ne sont que des météores qui brillent dans une nuit profonde, et s’évanouissent au moment qu’on les admire.