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factions solitaires qui de très-bonne heure souillent l’ame, et dessèchent le cœur. Combien la nature a souvent à rougir de la manière dont est flétrie la fleur de l’innocence, et quelles funestes conséquences tendent à faire dégénérer des vices privés en peste publique ! Il est certain que l’habitude de l’ordre et de la décence, qui a plus d’effet sur la moralité du caractère qu’on ne le suppose communément, ne peut se contracter que dans la maison paternelle, où règne cette réserve respectueuse qui tempère la familiarité, laquelle mine insensiblement la tendresse par des offenses répétées, lorsqu’elle dégénère en grossièreté.

J’ai déjà remarqué les mauvaises habitudes que les Femmes contractent, lorsqu’elles sont enfermées ensemble, et je pense que cette observation peut très-bien s’étendre à l’autre sexe, jusqu’à ce qu’on en tire la conclusion que j’ai eu en vue. C’est que, pour bien élever les deux sexes, non-seulement dans les familles, mais dans les écoles publiques, il faudroit les élever ensemble. Si le mariage est le ciment de la société, l’humanité doit être