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me soit permis de remarquer que les génies du premier ordre, que les esprits les plus cultivés ont toujours paru trouver des délices dans les simples beautés de la nature, et sans doute ils ont dû vivement sentir ce qu’ils ont bien décrit, je veux dire le charme inexprimable que les affections de la nature et les sensations de l’innocence répandent autour de l’espèce humaine. C’est ce regard perçant qui lit dans les ames, c’est ce cœur qui palpite et vibre à l’unisson de chaque émotion, qui rend le poëte capable de personnifier chaque passion, et le peintre de les rendre avec un pinceau de feu.

Le vrai goût est toujours le résultat de l’intelligence, employée à observer les effets de la nature, et tant que celle des Femmes ne sera pas mieux cultivée, c’est en vain qu’on espérera de les voir acquérir du goût pour le bonheur domestique. La vivacité de leurs sensations contribuera toujours à endurcir leur cœur, et les émotions qu’elles éprouveront continueront à être aussi vives que passagères, si une éducation plus raisonnable n’enrichit leur esprit de connoissances.