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bien public, le premier obstacle à tout ce qui pourroit y contribuer. »

Je sais que les libertins ne manqueront pas aussi de s’écrier que l’acquisition de la force de l’ame et du corps feroit perdre aux Femmes leur sexe, et que la beauté, cette douce et séduisante beauté cesseroit bientôt de parer les filles des hommes. Je suis d’un sentiment tout contraire, et je pense que c’est alors que nous verrions la beauté décente et la véritable grace, pour la perfection de laquelle il faut le concours de tant de puissantes causes physiques et morales. Ce ne seroit pas, il est vrai, une beauté molle, ni cette grace qui semble résulter de la foiblesse ; mais elle seroit de nature à nous faire regarder le corps humain comme un bâtiment majestueux, propre à recevoir un noble habitant, au milieu des débris de l’antiquité[1].

  1. Note du traducteur. Tout ce que dit l’auteur de la nécessité de fortifier le corps et l’ame des Femmes, est de la plus grande vérité. Condamnées par la nature à enfanter avec douleur, et à toutes les maladies auxquelles les expose le noble et touchant dépôt de la