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même au niveau commun de son sexe, il s’efforçoit de rabaisser les Femmes jusqu’à elle. Il avoit trouvé en elle une humble compagne qui lui avoit convenu, et l’orgueil lui fit imaginer quelques vertus supérieures dans l’être qu’il avoit choisi pour vivre avec lui. Mais la conduite de cette Femme, pendant sa vie et après sa mort, n’a-t-elle pas prouvé clairement combien il s’étoit trompé, lorsqu’il l’appeloit une céleste innocente ? Et lui-même ne se plaint-il pas dans l’amertume de son cœur, que, lorsque ses infirmités l’eurent forcé de ne plus la traiter comme sa femme, elle cessa d’avoir de l’affection pour lui ? Et rien n’étoit plus naturel, une fois que l’âge avoit rompu le lien sexuel, le seul qui unit deux êtres qui avoient si peu de sentimens communs. Pour entretenir une affection dont la sensibilité est restreinte à un seul sexe, et même à un seul homme, il faut un sens droit qui puisse convertir cette sensibilité en humanité. Il n’est pas beaucoup de Femmes qui ayent assez d’esprit pour avoir de l’affection pour une Femme, ou de l’amitié pour un homme. Cette foiblesse du sexe, qui fait