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Tout corps est une chaîne de despotes qui, se soumettant et tyrannisant tour-à-tour, sans faire usage de leur raison, deviennent des masses accablantes de vice et de folie dont le poids écrase la Société. Un homme de rang ou de fortune, sûr de s’élever par la protection ou l’argent, n’a rien à faire que de se livrer à des goûts extravagans, tandis que l’honnête, mais pauvre citoyen qui doit faire son chemin par son mérite, devient un parasyte servile ou un lâche imitateur.

Il en est de même pour les officiers de marine : seulement leurs vices empruntent une tournure différente et plus de rudesse de l’élément où ils vivent. Ils sont plus positivement désœuvrés quand ils ne font plus leur quart. Me citera-t-on l’agitation insignifiante des militaires employés sur nos vaisseaux ? On pourroit l’appeler une nonchalance active. Plus restreints à la société des hommes les premiers acquièrrent un goût décidé pour la plaisanterie mordante et les tours d’une malignité cruelle ; les autres, fréquentant des femmes que l’on dit bien élevées, prennent un jargon sentimental. Mais la grosse joie ou le