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tructive, tant qu’il ne trouvera point de digue pour rompre sa force. Les femmes apprennent depuis leur enfance, soit par les leçons qu’on leur donne, soit par l’exemple de leurs mères, qu’une légère connoissance de la foiblesse humaine, la douceur de caractère, l’obéissance extérieure et une attention scrupuleuse à une sorte de propreté puérile, leur obtiendra la protection de l’homme. Pour peu qu’elles soient jolies, elles n’ont besoin de rien autre chose, du moins pendant vingt ans de leur vie.

C’est ainsi que Milton décrit la fragile Ève, notre première mère ; j’avouerai que quand il nous dit que les femmes sont formées pour la douceur et les grâces délicates et attrayantes, je ne puis saisir le sens de ces expressions, à moins de supposer que, comme les sectateurs de l’alcoran, il veut nous refuser une ame, et insinuer que nous sommes des êtres créés uniquement pour flatter les sens de l’homme par les graces délicates et attrayantes, et par une obéissance aveugle, toutes les fois qu’il redescend sur la terre, fatigué de s’être élevé sur les aîles de la contemplation.