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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/78

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héréditaires ont fait des Femmes des zéros, pour donner de la valeur aux autres chiffres, et le désœuvrement n’a pas manqué d’amener dans la société un mélange de galanterie et de despotisme, qui fait de ces mêmes hommes, qu’on a vu ramper en esclaves aux pieds de leurs maîtresses, les tyrans de leurs sœurs, de leurs femmes et de leurs filles. Il est vrai qu’ils prétendent les tenir seulement dans l’ordre et à leur place ; mais fortifiez l’ame des Femmes en l’agrandissant, et vous verrez bientôt finir cette obéisance aveugle. Comme c’est ce qu’il faut au pouvoir arbitraire, les tyrans et les libertins n’ont pas tort de tâcher de retenir les Femmes dans les ténèbres ; les premiers n’ont besoin que d’esclaves, et les autres que de joujoux. Dans le fait, les voluptueux ont été la plus dangereuse espèce de tyrans ; et les Femmes se sont trouvées dupes de leurs amans, comme les princes de leurs ministres, en croyant régner sur eux.

J’ai principalement en vue Rousseau traçant le caractère de Sophie, charmant à la vérité, mais bien peu naturel, suivant moi ; au reste, j’attaque moins les