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à exercer son adresse naturelle ; en un mot, il en veut faire une esclave coquette pour en faire un objet plus attrayant de désir, une plus douce compagne pour l’homme, toutes les fois qu’il voudra se délasser. Il pousse plus loin ses raisonnemens, qu’il prétend tirer des indications de la nature, et insinue que le courage et la véracité, ces clefs de la voûte de l’édifice de toutes les vertus humaines, ne doivent être cultivées chez elles qu’avec certaines restrictions, parce que l’obéissance est la grande leçon qu’il faut constamment inculquer aux Femmes, le type sur lequel il faut former leur caractère sans jamais souffrir qu’elles s’en écartent.

Quelle absurdité ! quand s’élevera-t-il donc un grand homme d’un caractère assez juste et d’un génie assez puissant pour dissiper les nuages que l’orgueil et le gout de la jouissance ont repandu sur ce sujet ! quand même les Femmes seroient naturellement inférieures aux hommes, leurs vertus devroient être toujours les mêmes en qualité, si non en degré ; ou bien, je m’y perds, et la vertu n’est plus qu’une idée relative ; en con-