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je ne vois pas l’ombre de raison à conclure que leurs vertus doivent différer quant à leur nature ; et, dans le fait, comment cela seroit-il possible, si la vertu n’a qu’une mesure commune et éternelle ? je suis donc obligée, pour raisonner conséquemment, de soutenir avec autant de force l’identité de but des deux sexes, que l’existence même de Dieu.

Il suit donc de tout ceci qu’on ne sauroit opposer la ruse à la sagesse, les petits soins aux grandes actions, ni une douceur insipide, vernie du nom d’amabilité, à ce courage que de grandes vues peuvent seules inspirer.

On m’objectera que les Femmes perdront alors beaucoup des graces qui leur sont propres ; et pour réfuter une assertion qu’on prétendra malfondée, on me citera deux vers d’un poëte bien connu ; car Pope a dit au nom de tout son sexe : « Cependant elle n’étoit jamais si sûre de créer en nous de l’amour, que quand elle tachoit de se rendre haïssable. »

Je laisserai au lecteur judicieux à déterminer dans quel jour cette saillie place les hommes et les Femmes ; en attendant