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ombre fugitive. Mais si, animées d’un plus noble espoir, à la vue des facultés perfectibles de notre ame, nous dédaignons de borner nos vœux et nos pensées à ce point terrestre, qui ne paroît grand et important qu’autant qu’il est lié avec une perspective sans bornes et de sublimés espérances, quelle nécessité d’avoir une conduite fausse, et pourquoi voiler la majestueuse et sainte vérité, pour nous attacher à conserver des biens trompeurs qui sappent les bases de la vertu ? Pourquoi l’ame des Femmes se souilleroit-elle de la coquetterie, dans la vue de plaire à des hommes sensuels, et d’empêcher l’amour de devenir amitié ou tendresse affectueuse, en ne lui fournissant aucun des motifs qui peuvent le rendre tel. Qu’un cœur honnête se montre à découvert, et que la raison apprenne aux passions à se soumettre à la nécessité ; ou plutôt que le grand but de la vertu et des connoissances, élève l’ame au-dessus de ces sentimens qui rendent amère la coupe de la vie, plutôt qu’ils ne l’adoucissent, surtout quand on n’a pas soin de les restreindre dans leurs justes bornes.

Il n’est pas question ici de cette passion