Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/17

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Qui perlait aux cheveux gris comme l’automne
De la pauvre malade, et l’ombre monotone
S’emplissait de silence.
______________— Il est temps de partir,
Nadine, dit la vieille, et je sens se couvrir
Mes yeux lourds de sommeil. Retourne à ta chaumine,
Et ne t’égare pas sur la route où chemine
À cette heure la mort. Tu reviendras demain
Tendre à ta vieille amie, en souriant, ta main…
À moins que pour le ciel elle ne soit partie…

— Pourquoi parler ainsi ? lui dit la jeune fille,
Les printemps reviendront, et dans votre fauteuil
Vous irez vous asseoir au soleil, près du seuil…

La mourante reprit : « À quoi bon vivre encore ?
Je suis seule en ce monde, et n’ai que toi qui dores
Le couchant de mes jours. Tu fus bonne pour moi,
Toi qui vins chaque jour apporter sous mon toit
Comme un oiseau fidèle, un rayon de jeunesse
Qui souriait dans l’ombre où pleurait ma détresse. »

Tandis qu’elle parlait, on entendit un pas
Qui s’arrêta au seuil. De la main on frappa.
Nadine ouvrit la porte.
______________— Ah ! c’est vous, Monsieur Pierre,
Dit-elle ; êtes-vous donc tombé dans la rivière
Que vous ruisselez d’eau ? Approchez-vous du feu !

— En vérité, dit Pierre, il fait un temps affreux ;



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