Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/79

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Sèchent comme rosée au soleil des matins
Et les yeux plus brillants deviennent plus câlins.
Tandis que nous, cassés, anéantis par l’âge,
Pouvons-nous espérer, au terme du voyage,
En des matins plus clairs et des soleils nouveaux ?
Va, donne-nous l’espoir ! Au seuil de nos tombeaux
Apporte le pardon !
Apporte le pardon ! Mais Nadine inflexible,
Criait : « Non je n’écrirai pas ! C’est impossible ! »

Alors, à ses genoux, la vieille aux cheveux blancs
Laissa tomber son corps de déroute tremblant
Et sa voix sanglotait des sanglots de prière.
Elle suppliait et disait :
Elle suppliait et disait :  ! — Je suis sa mère !
Rends-moi mon fils, Nadine, et qu’il revienne ici !
D’un geste de bonté chasse-moi ce souci,
Afin que je le voie et que je le caresse
Comme autrefois. Ne sais-tu pas que le jour baisse
Et que c’est une nuit sans aube et sans réveil
Quand notre fils nous manque ! Il est notre soleil.
Vais-je mourir sans lui ?… Oh ! l’embrasser encore,
L’entendre, le tenir par la main !… Je t’implore !

Et sa voix chevrotante en sanglots s’écroulait,
Et les bonheurs passés de sa lèvre coulaient
Au flot des souvenirs. Ses vieilles mains osseuses
À Nadine, en tremblant, s’agrippaient douloureuses



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