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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/119

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quelques lettres

est bien possible que j’aille bêtement me fourrer dans une talle d’herbe-à-la-puce.

Il paraît qu’on peut faire d’excellentes salades avec le cresson de fontaine et le populage, mais si j’allais confondre avec la carotte à Moreau ou le pied d’alouette ! Vous le voyez, mon oncle, je suis trop simple pour cueillir des simples.

Je puis bien extraire la racine carrée de 197 136 mais je ne serais pas fichu d’extraire de la racine de raifort ou de ginseng. Je connais à fond le carré de l’hypoténuse, mais ne sais distinguer un carré de salsifis d’un carré de poireaux.

C’est dire que je suis très savant sans connaître grand’chose. Égaré en pleine forêt, échoué sur une île, je serais bien en peine de me débrouiller. Robinson Crusoé avait-il fait ses études classiques ?

Un boy scout le moindrement futé peut m’en remontrer. Lui sait faire du feu sans allumette, différencier les bleuets d’avec la morelle ou un hêtre d’avec un ostryer. En fait d’épinette blanche, rouge ou noire, il m’en ferait voir de toutes les couleurs.

Mais patience ! tout ça va changer. Ton neveu qui sait décliner rosa, rosae, ne sait pas décliner une invitation au Château ou à l’Auditorium et, avant longtemps, je connaîtrai saint-émilion ou saint-esthèphe aussi bien que saint Jérôme ou