Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
à vau-le-nordet

Le nordet est tout d’une pièce : il ne souffle pas le chaud et le froid. Mais n’allez pas croire que c’est un laborieux qui travaille du matin au soir ; non, il prend le temps de souffler…

Saviez-vous que des Américains — gens à l’esprit proverbialement utilitaire et mercantile — ont déjà songé à tirer parti du nordet comme agent dynamique ? Et pourquoi, après la houille noire, la houille verte et la houille blanche, n’aurait-on pas la houille bleue ?

On a ébauché, à ce sujet, deux projets qui ne se sont encore réalisés ni l’un ni l’autre. Le premier consistait à installer, sur la hauteur du cap Diamant, un puissant poste de radio muni d’un colossal appareil de forme conique dans lequel s’engouffrerait le nordet et qui intensifierait ou accélérerait les ondes hertziennes en même temps que se trouveraient amplifiées les sonorités émises par l’appareil. On devait s’en servir pour irradier vers Montréal, Ottawa et même Vancouver le « Parisian French » des débats des Chambres.

Malheureusement — et c’est pourquoi le projet a jusqu’ici échoué — il reste un facteur inconnu, un X dont la découverte est nécessaire pour supprimer tout aléa et restreindre au minimum les risques des promoteurs. Il faudrait, paraît-il, trouver un métal ou une substance qui résistât à l’action combinée et d’une puissance formidable de ces deux agents aériens : le nordet et le vent de l’éloquence parlementaire.