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à vau-le-nordet

faim dans leurs professions et ont demandé au parasitisme la pitance quotidienne.

Dans ce refugium qu’est l’administration, ajoute-t-on, on trouve des avocats à effet mais sans causes ; des médecins dont la patience s’est lassée d’attendre les patients ; des notaires à qui il n’est pas resté de leurs abus de confiance de quoi se rendre à Vera Cruz ou Piedras Negras ; des dentistes qui continuent à… en arracher ; des pharmaciens qui, délaissant le codex pour le code, sont devenus greffiers et supplémentent un traitement infime d’un « bedit abboint » en passant à la chimie des timbres de loi mal oblitérés ; des politiciens dégommés repus de peau, de vin, de pots-de-vin ; des cousins de députés ; des associés encombrants ; des concurrents professionnels dont on convoite l’étude ; des huissiers de ministres qui continuent à exploiter ; des créanciers casés pour acquit ; des étudiants blackboulés ; des journalistes qui croyaient arriver à quelque chose en sortant du métier, sans parler des embusqués du « struggle for life » ; des fils à papa que ce dernier passe au fisc ; des bootleggers ennoblis par le succès ; des cocus qui ont amassé une sinécure dans le giron mulièbre ; des comptables qui se paient sur la bête ou font un trou dans la lune ; des rapins qui font meilleure figure à la tabagie qu’au vernissage et qui excellent à peindre la girafe et à faire le tour du panneau ; des commis mis comme des princes et qui sont venus nus à la Province ; etc.