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avait exposées la veille démontrait l’absence chez lui de tout parti pris si ce n’est de railler implacablement l’assurance imperturbable et infaillible ou la charlatanerie effrontée où qu’il les trouvât.

Effectivement, sa querelle contre la critique était toute platonique. Deux jours plus tard, à propos d’une notice bibliographique parue dans Le Terroir, il dégainait pour la critique contre les auteurs :

— Y a-t-il rien de plus vaniteux qu’un homme qui a fait un livre ? On dirait que tout le monde lui doit hommage. Si la critique ne s’extasie pas sur son bouquin, si on se permet quelque réserve, c’est qu’il y a eu cabale organisée, qu’un tel ou tel autre sont jaloux, que les Canayens sont toujours à s’entre-déchirer, et patati et patata. Je crois qu’il y a plus de nature humaine dans un auteur que dans tout autre individu. Si ses aptitudes littéraires étaient développées autant que sa susceptibilité, nous aurions des chefs-d’œuvre… Au surplus, nous avons tous immensément de vanité individuelle et collective. Lahontan et d’autres historiens la notaient déjà de leur temps. Prenons patience, avec l’orgueil s’éveillera tôt ou tard le sens de la mesure et du ridicule. Si la reconnaissance populaire n’était pas un vain mot, on érigerait un monument au jingo qui, le premier, nous a tancés pour notre « Parisian French ». C’est de là que date l’épurement de notre langue… Le