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après le rêve, le réveil
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sourd aux appels consternés de Célestin Parent réveillé en sursaut.

« Qu’y a-t-il, » questionne, à la lueur blafarde de la lune, la face effarée du métis François que bouscule Parent.

Là-bas, la voix au cantique s’est tue et aux hurlements sourds de Craig répondent des aboiements pressés qui se rapprochent.

Puis, on distingue des voix humaines… Voici qu’on vient. Qui, qui donc ?… C’est une voix française qui chantait tantôt l’hymne chrétien. Le cœur bat à rompre la poitrine, la respiration se suspend et l’on attend, haletant, la parole décisive qui fixe son sort… Est-ce l’amour, est-ce la haine qui plane sur ce taudis ?… Qu’apporte-t-on au malheureux dont les membres transis grelottent et dont l’âme glacée agonise : un gîte pour quelques jours ou bien des chaînes pour la vie, l’enivrante liberté ou la potence ignominieuse ?…

Frost Village, ainsi nommé d’après le premier colon, qui vint, du Vermont, s’y établir, au commencement du siècle dernier, était, à cette époque, le centre le plus important de l’ancien collège électoral de Bedford. C’est à peine si, aujourd’hui, il s’y trouve une douzaine de familles. Déjà même, en 1837, sa prospérité déclinait au profit de ses voisins. À un mille ou deux avait surgi, à la décharge d’un lac, un groupement de quelques artisans et commerçants, bientôt promus industriels, qui avaient trouvé profit à s’installer à cet endroit où il y avait un pouvoir d’eau. Ce qui ne fut tout d’abord qu’un démembrement ou qu’une extension de Frost Village finit par se détacher peu à peu du « settlement » embryonnaire. En 1815, l’endroit était déjà assez conscient de son importance pour se donner un nom à soi et, le loyalisme aidant, on n’en pouvait trouver de plus topique que Waterloo.

Tout de même, en 1837, Frost Village était encore le chef-lieu