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les mémoires de nuxette

les nôtres. La richesse, les distinctions, balivernes que tout cela, mais le panache, par exemple, le panache ne fut jamais pour nous un vain mot.

Ainsi, n’allez pas croire que mes ancêtres furent tous des aristos ; il y eut parmi eux des humbles, des modestes. Qui n’a entendu parler des Funambules et de la célébrité qu’ils acquirent dans leur art ? Une branche cadette de la famille, les Xeri, dut même s’exiler en Afrique. Peu soucieux de l’eugénique, ils sont, paraît-il, bien dégénérés. Il n’est peut-être pas hors d’à-propos d’ajouter ici qu’un écureuil a laissé un grand renom dans les fastes du sport ; le sieur Paul Atouche qui faisait de l’aviation il y a plusieurs siècles.

Dès mon bas âge, on s’occupa de mon éducation et je dois à la nature un tribut de reconnaissance pour m’avoir fait naître de parents aussi dévoués et aussi prévoyants. L’éducation domestique, voyez-vous, tout est là ! C’est elle qui pétrit et façonne notre esprit et notre cœur. C’est une semence de vertu dont l’ivraie du vice peut, à la rigueur, retarder la croissance, mais qui finit toujours par porter des fruits.

Mon père, qui avait beaucoup voyagé, fut pour moi un excellent précepteur et, douée d’une heureuse mémoire, je profitai beaucoup de sa vaste érudition. Il n’était certes pas le farouche pédagogue plus familier avec la férule qu’avec les logarithmes ; non, son système était celui que les hommes ont tenté de nous copier, mais qu’ils n’ont fait qu’affubler du nom baroque de « kindergarten ».

Lorsqu’on me jugea assez dégourdie, on m’envoya à l’école buissonnière. On a beaucoup déblatéré, en certains milieux, contre cette maison d’éducation, mais la dette de reconnaissance que j’ai contractée envers mon Alma-Mater me fait un devoir de rétablir les faits.

Tout d’abord, il faut bien remarquer que l’école buissonnière ne s’occupe nullement d’instruction primaire ; c’est bel et bien