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massé… doine
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tion, martelait de son poing robuste le rebord de la chaire de vérité, comme s’il eut tapé sur le crâne de ses paroissiens endurcis qu’il haranguait au prône de la messe du dimanche, en l’an de grâce 187…

Vous vous demandez sans doute, vous qui ne connaissez pas les Cantons de l’Est, où peut bien se trouver Sainte-Pudentienne.

Laissez-moi vous dire, sans circonlocutions, que je n’ai jamais su pourquoi on avait infligé un patronyme aussi peu sortable à un site, du reste, fort comme il faut. Au surplus, je me hâte d’ajouter que le Ministère des Postes a été mieux avisé quand il a décoré la station postale de l’endroit du vocable moins précieux et prudhommesque de « Roxton Pond ». Roxton Pond ! n’est-ce pas que ça vous dit déjà quelque chose ? Vous vous représentez un groupement de quelque cent feux aux bords d’un grand étang ou petit lac. Tout juste, vous y êtes : les anciens ne le nommaient pas autrement. Et quand j’aurai ajouté que le Petit Lac est situé à sept milles au nord de Granby, vous serez tout à fait fixés.

Sainte-Pudentienne — puisqu’il faut l’appeler par son nom — se trouve à enceindre, dans son périmètre, les angles d’intersection de quatre cantons et prend pied, par conséquent, dans Roxton, Shefford, Milton et Granby. Dieu me garde de laisser entendre qu’il y ait là usurpation, maraude, etc. Pas le moins du monde, il s’agit d’un démembrement décrété de façon régulière et légale et auquel il n’y a rien à reprendre. (Vide 38 Vic, cap. 68). C’est déjà suffisamment affligeant pour une municipalité de s’entendre appeler Sainte-Pudentienne sans qu’on aille la charger de tous les péchés d’Israël !

N’empêche pas que la jeunesse du voisinage ne parût s’autoriser de pareil empiétement géographique pour en user à son tour avec non moins de sans-gêne, car l’irruption hebdomadaire de bandes joyeuses et volontiers bruyantes, le samedi soir généralement, pendant la belle saison, équivalait clairement à une