qu’ils tiraient souvent d’embarras et qui leur faisaient généralement, bon accueil. Ils avaient aussi d’autres cordes à leur arc et agissaient volontiers, à l’appât de quelque rémunération, comme postillon, écrivains publics ou même rebouteurs.
Laxtham, comme ceux de sa race, ne s’associait guère aux chrétiens. Nature morne et taciturne, il ne dédaignait cependant pas faire des frais d’amabilité lorsqu’il s’agissait d’amadouer la clientèle et de bâcler une affaire. S’il y avait de la familiarité voisine du mépris dans les « Sam » ou « Sammie, the peddler » dont on saluait son arrivée à la case du colon, il savait, comme on dit, mettre un bémol à la clef, ou, en d’autres termes, régurgiter son dépit, quitte à majorer d’un chelin le prix d’un piège ou d’une tarière.
Un matin d’octobre 1811, deux frères de Frost Village, Increase et Homer Davis, étaient à pêcher dans le lac de Waterloo. Apercevant la cabane de Laxtham, ils eurent la curiosité d’y pénétrer.
La porte en était ouverte et un spectacle d’épouvante frappa leur vue. Laxtham ou plutôt son squelette gisait au milieu de la pièce. Quelques lambeaux de chair ou de tendon adhéraient encore aux articulations. Les pieds et les mains étaient sans phalanges lesquelles apparemment avaient été broyées. Jusqu’à la casquette de cuir et les vêtements qui avaient été déchiquetés. À côté se trouvait la dépouille ensanglantée d’un loup d’assez forte taille.
On reconstitua aisément le drame sinistre qui s’était déroulé. Le malheureux colporteur, arrivant à sa cabane, y avait trouvé des loups avec lesquels il avait engagé un combat furieux. Harassé de fatigue, gêné dans ses mouvements par son ballot, il avait soutenu une lutte inégale avec les carnassiers, blessant tout de même à mort celui dont la dépouille gisait à ses côtés.